C’est sous le titre portugais « História Perdida » ou anglais « History Lost » que se tient actuellement au Musée national d’Archéologie, situé dans le magnifique cadre du monastère des Hiéronymites à Lisbonne, une exposition retraçant l’histoire ancienne et récente du commerce illicite d’antiquités dans le monde. La présentation, mise en place sous l’égide de la Fondation hellénique pour la Culture, est conçue en forme de parcours didactique composé de textes, photos et films réalisés avec la contribution d’une centaine d’archéologues et chercheurs à travers le monde. Déjà présentée à Nicosie, Athènes, Corinthe, Némée et Trieste l’exposition retrace l’histoire du pillage des antiquités, les techniques employées par les voleurs, les moyens utilisés pour revendre les oeuvres, souvent avec la complicité de musées, des grandes maisons de vente aux enchères, de collectionneurs et de marchands d’arts établis, entre autres, en Suisse. On constate que la Convention de l’Unesco de 1970, malgré son adoption par 109 pays, n’a pas freiné ce commerce illicite, bien au contraire.
L’entrée d’une Histoire perdue
Cette exposition très instructive doit une bonne partie de son riche contenu documentaire au travail réalisé par The Illicit Antiquities Research Centre (IARC) basé à l’Université de Cambridge, Angleterre, au sein du McDonald Institute for Archaeological Research. C’est en effet les recherches menées depuis 1996 par l’équipe de ce centre dirigé par Neil Brodie qui servent de support aux textes présentés aux visiteurs. Des premières grandes campagnes de fouilles du 18ème siècle au profit des grands musées comme le Louvre ou le British Museum, au pillage du musée de Bagdad en 2003, en passant par le trafic de statues au Cambodge ou la restitution récentes par le musée Getty de Los Angeles d’oeuvres volées à l’Italie et la Grèce, l’exposition montre aussi la constance du phénomène, et son ampleur. Face à cette perte de la mémoire collective de l’humanité, car on ignore dans 90% des cas la provenance exacte des objets apparaissant sur le marché des antiquités, il est regrettable que l’IARC ait du fermer ses bureaux à la fin septembre 2007 par faute de ressources financières. Modeste par sa taille mais riche dans son propos, cette exposition en forme de testament de l’activité de l’IARC est visible à Lisbonne jusqu’au 23 mars. J’espère que dans les mois prochains d’autres musées à travers le monde seront intéressés à la présenter, cela en vaut la peine.
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