Actuellement se tient au Musée historique de Bâle, et jusqu’au 29 janvier 2007, une exposition dont l’élément central est le disque de Nebra. Cet objet, ainsi que plusieurs autres, fut mis au jour en juillet 1999 à l’occasion d’une fouille clandestine pratiquée sur la colline du Mittelberg à quelques kilomètres de la localité allemande de Nebra en Saxe-Anhalt. C’est en cherchant à le vendre sur le marché des antiquités que, grâce à une collaboration efficace entre des conservateurs de musée, auxquel on avait proposé l’achat de l’objet, et la police, l’objet fut séquestré et les receleurs appréhendés dans un hôtel de Bâle lors d’une opération spéciale en février 2002. Si les receleurs ont acceptés de venir en Suisse pour effectuer la transaction c’est qu’ils pensaient ne rien devoir craindre dans ce pays généralement connu dans le milieu pour être assez laxiste en matière de trafic illicite d’antiquités. Heureusement cet état de fait est en passe de changer, puisqu’une nouvelle législation a été mise en place, pour laquelle l’affaire du disque de Nebra a représenté un bon exemple pour faire adopter les changements.
Le disque de Nebra après restauration
Grâce aux objets avec lequel il était associé, parmi lesquels des épées dont la chrono-typologie est bien connue, le disque en Bronze de Nebra a pu être daté de la fin de l’âge de Bronze ancien, soit vers 1600 av. J.-C. Il pèse 2kg, fait environ 32cm de diamètre et la patine verdâtre du bronze provient de son long enfouissement dans le sol. Les éléments décoratifs appliqués sont en or. Ils consistent en un semis de 32 petits cercles, d’un grand cercle, d’un croissant et de deux arcs. Un troisième arc a disparu, mais son insertion demeure bien visible. L’ensemble ne constitue pas une ornementation ordinaire. En effet, il forme une étonnante figuration astronomique, mais surtout il représente une sorte d’almanach calendaire. Des corps célestes sont clairement identifiables comme le Soleil, un croissant de Lune et l’amas ouvert des Pléïades, représenté par le regroupement de ses sept étoiles visibles à l’œil nu. Les deux arcs périphériques occupent chacun 82° de la circonférence du disque. Cette valeur angulaire est celle que l’on mesure sur l’horizon à la latitude de Nebra entre le point septentrional du levé et du couché du soleil au solstice d’été et le point méridional du levé et du couché du soleil au solstice d’hiver. Les deux arcs périphériques couvrent ainsi les deux segments de l’horizon coïncidant avec le lieu d’apparition ou de disparition quotidien du soleil. Ainsi, en orientant l’objet par rapport à un repère fixe, qui aurait pu être le mont Brocken, le plus haut sommet de la région, distant de 80 km au nord-ouest du Mittleberg, il devait être possible de connaître le cours des saisons.
Très intéressante également la comparaison suggérée par les spécialistes en charge de l’étude entre le petit arc de cercle et la barque du Soleil parcourant le ciel entre les deux horizons. En effet on trouve de telles figurations tant en Egypte, qu’en Scandinavie. Cela pourrait donner un indice des croyances religieuses de l’époque.
Si ces différentes hypothèses se confirment, on aurait ainsi le témoignage que près de mille ans avant la rédaction des Travaux et des Jours par Hésiode, une partie des connaissances induites et des mythes présents dans ce texte étaient déjà bien vivaces, dès l’âge du Bronze, dans les communautés agricoles de l’Europe centrale.
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