Au début du mois de février s’est tenu à Nouakchott, en Mauritanie, un colloque sur les perspectives de l’Archéologie préventive en Afrique de l’Ouest. Organisé par l’Institut mauritanien de recherches scientifiques (IMRS), et l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) en présence d’un représentant de l’Unesco, cette réunion ayant rassemblé plusieurs dizaines de chercheurs européens et africains s’est attachée à définir les moyens de mettre en place une véritable politique de protection du patrimoine archéologique africain. A l’issue de cette réunion, les participants ont lancé « l’appel de Nouakchott » pour que le patrimoine africain enfoui puisse bénéficier d’une charte de protection internationale, à l’instar de la convention de Malte qui règle en Europe les rapports entre l’archéologie préventive et l’aménagement du territoire.
Une partie des artéfacts maliens saisis par les douaniers français
S’il existe bien des lois nationales qui protègent le patrimoine des pays de l’ouest africain, il est souvent difficile de les faire appliquer, surtout dans des états en mal de développement lorsque des intérêts économiques prépondérants sont en jeu. Ainsi, c’est d’abord à la sensibilisation des grandes sociétés multinationales, du pétrole et des produits miniers, actives dans la région que l’appel est avant tout destiné, afin qu’elles n’oublient pas dans leurs entreprises régionales leur responsabilité vis-à-vis du patrimoine culturel. Mais il faut également que cet appel à l’aide soit entendu par les populations locales qui pour quelques devises sont prêtes à brader leurs vestiges archéologiques en pratiquant des fouilles clandestines de grande ampleur pour alimenter un trafic des antiquités en pleine expansion. Ainsi récemment, la douane française a appréhendé sur l’aéroport de Roissy un véritable trésor d’artéfacts préhistoriques provenant du Mali et destiné au marché étasunien. Il reste donc beaucoup à faire dans le domaine de la protection du patrimoine africain et souhaitons que le message de nos collègues soit entendu par toutes les parties en cause. Le 11 avril, l’émission de radio « le salon noir » de France Culture tâchera de donner un écho supplémentaire à cet appel.
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